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Une sortie en Seine-et-Marne
Le beau temps que nous espérions depuis longtemps est enfin arrivé ce samedi 8 juin 2013 pour notre sortie en Seine-et-Marne, plus précisément au château de Vaux-le-Vicomte et au musée de la Préhistoire de Nemours.
Le château de Vaux-le-Vicomte
Le château entouré de fossés.
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otre journée commença par la visite du château que Nicolas Fouquet fit construire au
xviie siècle sur le territoire de la commune de Maincy. En 1653, ce fils et petit-fils de parlementaire est nommé surintendant des Finances et devient l'un des plus proches collaborateur du cardinal Mazarin. Chargé de trouver de l'argent, beaucoup d'argent pour le Trésor royal, il y parvient quotidiennement par tous les moyens possibles. Cependant, il n'hésite pas à se réserver une part non négligeable des sommes perçues. Tout lui réussit : il bénéficie de la considération des grands personnages du royaume et de l'admiration de poètes tels que La Fontaine. Son espoir de devenir Premier ministre à la mort de Mazarin s'écroule lorsque Louis XIV décide de supprimer cet emploi. Ses rêves de grandeur et de pouvoir s'évanouissent tout à fait après la somptueuse fête qu'il donne à Vaux le 17 août 1661, en l'honneur du roi et de la cour. Trois semaines plus tard, il est arrêté à Nantes par d'Artagnan. Jugé, il échappe à la peine capitale mais il est condamné au bannissement. Au lieu d'assouplir sa peine ainsi qu'il en a le pouvoir, le roi décrète la prison à vie. Pour implorer la clémence du souverain, La Fontaine écrit l'Elégie aux Nymphes de Vaux, sans succès. Fouquet meurt en 1680, dans des conditions assez troubles, à Pignerol, citadelle située dans les Alpes savoyardes, sans jamais avoir revu son magnifique château de Vaux.
Après la mort de son mari, madame Fouquet vend le domaine. Celui-ci a successivement plusieurs propriétaires. Aujourd'hui, il appartient à la famille de Vogüé.
Entrons maintenant dans ce domaine. En 1641, Nicolas Fouquet achète la seigneurie de Vaux composée d'un petit château fortifié et de quelques maisons paysannes. Il l'agrandit par des achats successifs de terres et parvient ainsi à une superficie d'environ 6 000 hectares en 1656. Pour la construction du nouveau château, son aménagement, sa décoration ainsi que pour la réalisation des jardins, il fait appel aux plus grands noms de l'époque : Louis Le Vau, François Girardon, Charles Le Brun, Israël Silvestre, André Le Nôtre, pour n'en citer que quelques uns. On retrouvera ces grands personnages lors de l'aménagement du château et du parc de Versailles.
Les communs du château.
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'entrée des visiteurs se fait par les communs, à l'ouest du domaine. Pour accéder au château, nous devons franchir un petit pont au-dessus des fossés, puis traverser la cour. Arrivés au pied du grand escalier de la façade nord, notre guide attire notre attention sur certains détails de l'ornementation de la façade et, en particulier sur la présence de petits écureuils sculptés, emblèmes de Nicolas Fouquet.
Le premier étage
Le cabinet de Fouquet.
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a visite commence par la traversée des appartements de Fouquet. Dans l'antichambre se trouvent deux meubles, un cabinet en ébène finement sculpté et une armoire d'époque Louis XIV contenant les archives seigneuriales du surintendant. L'élément principal de la pièce suivante, appelée aussi "cabinet", est un bureau « Mazarin » en marqueterie. Dans un angle, une statue en bronze, réplique d'un antique représentant un éphèbe priant est une copie dont l'original se trouve à Berlin. Vient ensuite la chambre du maître des lieux. La pièce principale est bien entendu le lit drapé de rouge et rehaussé d'or. Les cinq tapisseries des Gobelins qui décorent la pièce ont pour thème les mois de l'année. La peinture de la partie principale du plafond est inspirée de la mythologie. Le médaillon central représente Apollon apportant la lumière au monde.
Dans un couloir, parmi les documents accrochés au mur on peut voir un tableau représentant le jugement de Nicolas Fouquet et une gravure figurant la forteresse de Pignerol où il fut enfermé jusqu'à sa mort.
Le jugement de Nicolas Fouquet (à gauche) et la citadelle de Pignerol (à droite).
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ient ensuite le cabinet de Madame Fouquet situé au sud-est du château. A l'origine, les murs étaient ornés de petits miroirs, aujourd'hui disparus. Le mobilier de cette pièce est constitué essentiellement d'un lit de repos et d'un tabouret recouverts tous deux de tissu bleu ainsi que d'un cabinet d'écaille rouge. Le plafond et les lambris du
xviie siècle sont richement décorés. Une petite pièce appelée « Cabinet La Fontaine » contenant un buste de l'écrivain, une petite table et une chaise, sépare le cabinet de Madame Fouquet de la « Chambre Louis XV ». Celle-ci a été réaménagée au
xviiie siècle. Le lit placé le long du mur est surmonté d'un baldaquin dont le décor est le même que celui des tapisseries murales. Un voilage blanc sur lequel un Christ est accroché, recouvre le mur du fond. La chambre Praslin située juste à côté est peu meublée et sa décoration est très sobre.
La visite de l'étage se termine par la salle qui devait être aménagée en chapelle. Une grande vitrine abrite de précieuses chasubles du
xviie siècle.
Habits sacerdotaux et tableau.
Le rez-de-chaussée
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a grande chambre carrée est la seule du château dont le plafond est "à la française", c'est-à-dire avec solives et poutres apparentes. Deux tables à dessus en marbre occupent le milieu de la pièce. Même si elles n'ont pas toujours été dans cette salle, elles n'ont jamais quitté le château. Au mur, un portrait de Nicolas Fouquet attribué à Charles Le Brun est accroché au-dessus d'une cheminée. Côté fenêtre, au centre, un buste en marbre blanc de Louis XIV semble considérer le surintendant avec hauteur. Deux autres bustes l'encadrent, celui de Mazarin et celui de Richelieu.
Portrait de Nicolas Fouquet.
Buste de Louis XIV (à gauche) et Buste de Mazarin (à droite).
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a chambre des muses doit son nom aux neuf muses représentées sur le plafond. Cinq tapisseries décorent les murs. Peu de meubles dans cette pièce, seulement deux commodes dites « Mazarines » et quelques sièges sont placés dans l'alcôve légèrement surélevée.
Le cabinet des jeux est situé dans l'angle sud-est du château. C'est un petit salon décoré de guirlandes de fleurs, de bouquets, d'amours et d'écureuils encadrés d'or. Le plafond peint par Le Brun représente Le Sommeil.
Antichambre d'Hercule.
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ans l'antichambre d'Hercule, au centre trône la maquette en bronze de la statue équestre de Louis XIV, que Girardon réalisa en 1699 pour la place Vendôme à Paris et qui fut détruite à la Révolution. Elle est entourée par deux groupes en bronze également.
Nous arrivons ensuite dans le grand salon ovale qui prolonge le vestibule. Il est carrelé de blanc et de noir ; une rose des vents en occupe le centre. Entre les fenêtres qui donnent sur le parc, douze bustes d'empereurs et de personnages de l'antiquité ont été placés par Alfred Sommier qui fut un temps propriétaire du château. Ici, pas de meubles car cette pièce était seulement un lieu de passage. La coupole est simplement décorée d'une peinture représentant un oiseau volant sur fond de ciel et de quelques nuages. Le Brun avait un projet beaucoup plus riche, le Palais du Soleil, dont nous n'avons que le dessin en noir et blanc. L'arrestation de Nicolas Fouquet ne lui laissa pas le temps de le réaliser.
La rose des Vents.
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ient ensuite la chambre du roi dans laquelle Louis XIV n'a jamais couché, ni aucun roi. La chambre aménagée ainsi que l'antichambre et le cabinet sont somptueusement décorés. Dans l'antichambre, un bureau en ébène par Boulle est placé sur l'un des 93 tapis créés par l'atelier de la Savonnerie pour le palais du Louvre. Derrière le bureau, une tapisserie est accrochée au mur. Un écureuil rouge dans un médaillon blanc peut surprendre. Après la chute de Fouquet, Louis XIV fit enlever l'emblème du surintendant ; celui-ci fut rétabli par la suite. Les corps de bibliothèque sont du
xviiie siècle.
La chambre du roi.
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ans la chambre, comme il se doit, le lit à baldaquin est placé dans une alcôve séparée du reste de la pièce par une balustrade dorée. Les rideaux, les tentures des murs et les dessus des sièges sont faits dans une brocatelle or et vert. Un cabinet en ébène complète le mobilier.
Les accessoires présentés dans le cabinet des bains sont des ustensiles de toilette du
xviiie siècle : baignoire, chauffe-bain, chaise percée, bidet.
La salle des buffets.
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a salle des buffets est l'une des premières que l'ont puisse appeler "salle à manger" car elle a une table dressée en permanence. Celle que nous voyons supporte quelques pièces d'orfèvrerie et des plats présentoirs pour des pâtisseries. Sous une arcade en plein cintre, un montage audiovisuel présente des personnages costumés à la mode du
xviie siècle en train de danser.
Dans les cuisines.
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ous quittons le rez-de-chaussée pour gagner le sous-sol où se trouvent les cuisines. Là, le visiteur est surpris par le grand nombre d'ustensiles en cuivre de toutes sortes — marmites, casseroles, moules à gâteaux, couvercles, etc. Outre la table servant aux préparations diverses, une autre table est mise, semblant attendre les convives. Des mannequins évoquent le personnel chargé de la préparation des repas. Pour donner une idée des menus du temps de Fouquet, certains sont affichés et donnent une idée non seulement du travail accompli par les cuisiniers, mais aussi de la liste des plats servis aux tables de la noblesse.
Là s'arrête la visite du château. Nous ne sommes pas allés dans le parc que nous avons cependant pu apercevoir à plusieurs reprises depuis le rez-de-chaussée ou le premier étage.
Le musée de la Préhistoire de Nemours
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près un excellent et copieux déjeuner pris à l'Auberge du Grand Pont à Nemours, nous nous sommes dirigés vers le second point de notre sortie, le musée de la Préhistoire qui a ouvert ses portes en 1981.
Situé dans une parcelle de la forêt de Fontainebleau, le bâtiment abritant les collections est d'une architecture très sobre : la construction en béton brut comporte aussi de grandes baies vitrées permettant de voir le bois environnant ainsi que de petits espaces aménagés en jardins intérieurs. Le nom de chaque végétal est mentionné sur des étiquettes très lisibles.
Reconstitution d'un mammouth (à gauche) et Bébé mammouth laineux (à droite).
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n raison de l'exposition temporaire « Au temps des mammouths », réalisée par le Museum national d'Histoire naturelle, en partenariat avec l'INRAP et la Direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France, nous sommes invités dès l'entrée à visionner deux courts métrages sur la vie et l'extinction des mammouths. Des restes de ces grands animaux découverts dès la fin du
xviiie siècle sont présentés. À la fin du xixe, ce sont des restes congelés qui ont été trouvés, fournissant de précieuses informations. Au premier étage, la reproduction d'un squelette entier est impressionnante ; de même la reconstitution d'un bébé mammouth en provenance de Sibérie en 1977. À part cela, des os, des dents sont exposés dans plusieurs vitrines.
L'homme de Tautavel.
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ne rampe d'accès aux collections permanentes présente des silhouettes grandeur nature de quelques hominidés avec, parfois, un moulage de crâne fossile. Avant de découvrir les collections, une reproduction de sol préhistorique en cours de fouilles est présentée. Ensuite, il faut prendre soin de visiter les salles dans l'ordre croissant de leur numérotation, ce qui nous conduit du Paléolithique ancien et moyen jusqu'à l'époque gauloise puis gallo-romaine. À chaque étape, des objets variés sont présentés avec grand soin : bifaces, outils en silex — nucléus, lames, couteaux, grattoirs, perçoirs, burins, pointes de flèches, etc. Le fond de certaines vitrines est décoré d'illustrations peintes destinées à expliquer par le dessin, soit la méthode utilisée pour la fabrication des objets, soit la façon dont les hommes de l'époque s'en servaient — utilisation du propulseur par exemple — pour chasser les troupeaux d'herbivores tels que rennes, bisons, chevaux ou mammouths. Une peinture murale représentant un groupe de pêcheurs au mésolithique permet de mieux comprendre leur mode de vie. Tous les détails ont leur importance ; objets et animaux sont mis "en situation" afin d'illustrer l'époque. Les restes d'une pirogue monoxyle datant du mésolithique sont exposés. Sa longueur actuelle est de 4 mètres mais, à l'origine, elle en mesurait 5 ou 6. Sa datation étant de 7000-6000 avant J.-C. en fait l'une des plus anciennes d'Europe. Elle a été découverte à Noyen-sur-Seine.
En salle 4 est présenté le célèbre site magdalénien de Pincevent. Au sol, un moulage du site est installé. Le mur du fond sert d'écran à une projection audiovisuelle « Les Chasseurs de Pincevent ».
Il serait trop long de faire la liste complète de tout le mobilier présenté, mais signalons quand même en salle 7 les objets gallo-romains en terre ou en verre — plats, pots, vases, pichets, verres, flacons — en excellent état de conservation.
Mobilier funéraire.
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usqu'en 2005, les collections s'arrêtaient dans la salle 7 bis avec l'exposition de mobilier funéraire à l'âge des métaux. Si, dans un premier temps, l'inhumation prédomine, la pratique de l'incinération se généralise ensuite pour devenir exclusive. De très beaux vases en bronze illustrent cette période.
Barque carolingienne.
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e site de Noyen-sur-Seine a fourni une autre barque plus récente puisqu'elle a été datée de l'époque carolingienne. Découverte en 1992, elle reposait dans un ancien chenal de la Seine. Taillée d'un bloc dans le tronc d'un chêne âgé de 158 ans et abattu durant l'hiver 834-835 après J.-C., sa longueur est de 14 mètres. Cette pièce remarquable a été nettoyée, étudiée et a subi divers traitements afin de lui assurer une bonne et longue conservation.
Soulignons le caractère très pédagogique de l'organisation et de la présentation de ce musée de la Préhistoire.
Le temps a passé très vite. Pour tout voir en détail, il aurait fallu rester plus longtemps, mais nous devions partir. Ceux qui le désirent pourront revenir. Tous les participants gardent un excellent souvenir de cette journée culturelle aux centres d'intérêt variés.
Daisy Guglielmetti
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Visite de Guise le 5 mai 2012
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a matinée fut consacrée à la découverte du Familistère imaginé par Jean-Baptiste Godin (1817-1888).
Statue de J.-B. Godin et bâtiment des logements.
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e serrurier de formation, choqué par les conditions de travail des ouvriers qu'il côtoie lors de son compagnonnage entre 1835 et 1837, se promet que, s'il devient patron, il utilisera sa richesse pour améliorer le sort des ouvriers.
Le poêle en fonte.
D
'où l'origine du Familistère de Guise associé à une usine spécialisée dans la fonte. En 1859, le Palais social entièrement créé sur les plans de Jean-Baptiste Godin, comprend 495 appartements destinés aux familles ouvrières, les célibataires vivant en dortoirs. On peut y vivre en autarcie puisque l'ensemble possède une école, un lavoir, des magasins, une ferme et même une piscine. Les économats sont encore utilisés comme cantine.
Maquette du Familistère.
L
es employés ne sont pas obligés de vivre au Familistère mais les avantages sociaux dont ils disposent les y incitent et évitent le "turn-over" préjudiciable à la production.
Il s'agit d'une association coopérative du capital et du travail. Les ouvriers reçoivent une participation aux bénéfices. Il existe une sécurité sociale constituée par les cotisations des ouvriers et du patronat, ainsi que par les amendes du travail.
Immeuble des logements, la cour intérieure (couverte).
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ien avant les lois Jules Ferry, les Familistériens bénéficient d'écoles totalement mixtes. Les filles et les garçons les plus méritants peuvent obtenir des bourses d'études.
Ce Familistère, dans lequel les ouvriers deviendront autogestionnaires, se prolongera bien après la mort de son fondateur, jusqu'en 1968.
L'après midi fut consacrée à la visite des restes du château fort. Un camp chantier de jeunes, « Le club du vieux Manoir » y a été créé. Il a la charge de la restauration de ce monument abandonné qui connut plusieurs propriétaires. Certains le transformèrent en décharge et en carrière de pierres. Aujourd'hui, on peut pénétrer dans des galeries voûtées et accéder au donjon qui se dresse, majestueux, sur la colline dominant la ville.
Le donjon du château.
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our en savoir plus, vous pourrez lire notre Lien (à paraître en septembre) que vous pourrez vous procurer auprès de la S.H.A.G.P.F. qui sera présente lors du Forum des associations.
Françoise Foussard
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Sortie du 1er octobre 2011
Visite de trois abbayes normandes, Jumièges, Saint-Georges-de-Boscherville et Saint-Wandrille
L
a journée commença par la visite de l'abbaye de
Jumièges.
Sitôt la porterie franchie, nous nous sommes trouvés face aux vestiges d'un mur du réfectoire - qui fut aussi un cellier - de la fin du
xiie siècle. Notre guide nous conduisit un peu plus loin sur la gauche où s'élève encore la majestueuse façade occidentale de l'abbatiale dédiée à Notre-Dame. C'est un matériau local qui a servi pour sa construction, un calcaire blanchâtre contenant des silex très durs, provenant des collines qui bordent la rive gauche de la Seine, à Heurteauville.
Les deux tours de l'abbatiale.
B
ien que privées de leurs flèches depuis le milieu du
xixe siècle, les deux tours du
xie siècle encadrant un narthex demeurent imposantes. Elles s'élèvent à 46 mètres de haut et ont la particularité d'être rectangulaires aux deux étages inférieurs et octogonales aux deux étages supérieurs. Trois marches permettent d'accéder au porche en saillie sur les deux tours. Il est voûté en berceau et surmonté d'une tribune.
Après avoir franchi ce passage, nous sommes entrés dans ce qui reste la nef. Elle était encadrée autrefois par deux collatéraux, surmontés chacun d'une tribune. Seuls subsistent le collatéral nord et sa tribune ouverte sur la nef. Les voûtes de la nef et du collatéral sud se sont effondrées. Il ne reste que quelques éléments du bas-côté sud de l'édifice.
Intérieur de l'abbatiale.
A
utrefois, une majestueuse tour lanterne s'élevait à la croisée du transept. Lors de la destruction du chœur, elle s'effondra presque complètement. Il ne reste plus aujourd'hui que le pan ouest, soutenu par un arc triomphal. À l'origine, elle était surmontée d'une flèche qui fut détruite au
xvie siècle.
Les bras nord et sud du transept ont aussi beaucoup souffert de la démolition du chœur. Il reste à la fois des éléments romans et des éléments gothiques. L'emplacement du chœur roman et du déambulatoire est dessiné par les assises subsistantes des murs. Il reste peu de chose des six chapelles rayonnantes.
Comme l'abbatiale, l'église Saint-Pierre a été souvent remaniée. La partie la plus ancienne (
xe siècle) est constituée du porche, de la porte d'entrée, des deux premières travées nord et de la base des deux tours de la façade. Au-dessus des travées s'ouvrent les baies des tribunes. Elles sont surmontées d'un arc plein cintre subdivisé en deux baies également plein cintre, séparées par une colonnette. La nef était encadrée de deux collatéraux. Des fragments de sculptures ont été placés ça et là dans l'église : statues, gargouilles…
L'église Saint-Pierre.
E
n sortant de l'église Saint-Pierre par le porche, nous nous sommes retrouvés à l'emplacement du cloître entièrement disparu au
xixe siècle. De style ogival flamboyant mêlé à du style renaissance, il était accolé au bas-côté sud de l'abbatiale, à l'entrée de l'église Saint-Pierre, à la salle capitulaire, à un grand dortoir et à un grand cellier.
Au
xviie siècle, une vaste bibliothèque fut construite au-dessus du grand cellier. Elle abrita de merveilleux manuscrits, des incunables et des ouvrages savants écrits par d'illustres mauristes. Il ne reste de cette bibliothèque que l'empreinte du pignon accolé à la tour sud de l'abbatiale. Au-dessus, un cadran solaire semble intact.
Au début de l'après-midi, la visite se poursuivit à l'abbaye
Saint-Georges-de-Boscherville située dans la commune de Saint-Martin-de-Boscherville.
Abbatiale Saint-Georges de Boscherville.
L
e décret du 13 avril 1790 ordonnant la suppression des communautés religieuses, les anciens bâtiments conventuels ainsi que les cours et jardins furent vendus l'année suivante. L'église fut épargnée et les habitants obtinrent l'autorisation d'y transférer le siège de la paroisse car l'église Saint-Martin était jugée incommode et en trop mauvais état. Cependant, le bourg a conservé sa dénomination. C'est ce qui explique la double appellation.
La visite commença par l'église de style roman normand. Dès l'entrée, le visiteur est surpris par la blancheur des murs et les proportions de l'édifice : 66,30 mètres de longueur en œuvre et 20 mètres de largeur pour la nef et les bas-côtés. Cette clarté est due au calcaire bien blanc qui a été utilisé pour la réalisation du monument. Une trentaine d'années auraient suffi au
xiie1nbsp;siècle à sa construction.
Intérieur de l'abbatiale.
L
e plan est simple : le portail occidental encadré de deux petites tours à base carrée coiffées chacune d'une flèche est prolongé par la nef romane à huit travées, puis le transept et enfin le chœur. Le chevet est demi circulaire. Le transept marque la séparation. Chaque branche possède une chapelle orientée. La croisée apparaît particulièrement lumineuse grâce à la tour lanterne qui la surmonte. Elle est appelée ainsi parce que ses quatre faces étant percées de fenêtres, la lumière du jour pénètre facilement dans l'édifice. Cette tour, comme celles de la façade ouest, possède une flèche. Une double rangée de fenêtres éclaire le chœur.
Les murs n'ont pas toujours eu cette blancheur. Comme dans d'autres églises de la même époque, ils furent en grande partie recouverts de peintures dont des traces sont encore visibles dans le bas-côté sud. Dans l'art roman normand, les décors étaient essentiellement géométriques. On les retrouve sur les voussures : dents de scie, palmettes, motifs crénelés… Cependant, à Boscherville, les sculpteurs normands ont aussi décoré les chapiteaux de personnages, d'animaux et de motifs végétaux ainsi que de représentations de scènes bibliques.
Pilier à l'entrée de la salle capitulaire.
E
n sortant de l'abbatiale, notre guide nous conduisit vers l'emplacement du cloître en évoquant le passé de ce lieu. Ensuite, elle ne manqua pas de nous mener vers la salle capitulaire, nous faisant admirer la décoration de l'entrée. Puis nous traversâmes un pavillon subsistant du logis des mauristes - moines introduits en 1659 dans l'abbaye afin de la rénover - pour nous rendre dans les jardins parfaitement entretenus, situés dans la partie orientale de l'enceinte du domaine.
La journée se termina par la visite de l'abbaye de
Saint-Wandrille, proche de celle de Jumièges.
Du premier monastère fondé au
viie siècle par Wandrille, haut fonctionnaire à la cour de Dagobert, il ne reste rien. Les incendies, les intempéries et les hommes - dont les Viking - en portent la responsabilité. Cependant, cette abbaye est la seule des trois qui connaisse encore une vie monastique. Les moines qui y vivent observent la règle bénédictine comme autrefois, vie de prière, de lecture et de travail.
Les bâtiments subsistants sont d'époques diverses, s'échelonnant du
xe au
xviiie siècle.
Après avoir franchi une petite porte surmontée d'un pélican en pierre, nous nous sommes retrouvés dans une avant cour, face à un mur. Au centre de celui-ci, une grande porte et à chaque extrémité un pavillon du
xviie siècle. Le pavillon de l'Hostellerie, servant à la fois de porterie et d'hôtellerie, et l'autre, le pavillon de la Grâce. Tous deux ont un tympan sculpté.
Notre guide nous conduisit à la porte de Jarente, ainsi nommée parce qu'elle fut achevée du temps de l'abbé commendataire portant ce nom. C'est une construction majestueuse réalisée en 1757. Cette porte franchie, nous avons découvert en contrebas le bâtiment abritant les ateliers et, sur la droite, celui des cuisines et de la bibliothèque. Avant de continuer la visite, le guide nous fit un exposé sur la vie quotidienne des moines.
Ensuite, nous avons descendu les quelques marches donnant accès à l'ancienne église Saint-Pierre. Celle-ci, dont nous ne voyons que les ruines, succède à plusieurs églises détruites soit par les hommes, soit par un incendie. Dans la nef, la muraille nord subsiste jusqu'à hauteur de la galerie voisine du cloître. Du transept, il ne reste que quelques éléments de la partie nord. Le chœur comprenait six travées droites prolongées par une abside. Des chapelles s'ouvraient sur le déambulatoire. Les ruines de quelques-unes sont encore visibles. Près du maître-autel se trouvaient les tombes de plusieurs abbés. La partie basse du mur sud de la nef subsiste en partie. Derrière elle sont installées les cloches sonnant les heures des offices.
Le cloître.
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ans le cloître, la galerie qui borde la nef de l'église médiévale est la plus ancienne. À l'une de ses extrémités s'ouvre la porte du couronnement de la Vierge. Tous les personnages ont été décapités par les Huguenots en 1562. A côté, Notre-Dame de Fontenelle nous accueille. Les autres galeries du cloître datent de la fin du
xve siècle et du début du siècle suivant. Dans l'une d'elles, on peut voir un lavabo (début du
xvie siècle). Malheureusement, nous n'avons pas eu accès au réfectoire dont la construction eut lieu au début du
xie siècle. Par la suite il connut des transformations jusqu'au
xvie siècle.
Notre-Dame de Fontenelle.
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La nouvelle église abbatiale se situe non loin de l'emplacement du chœur de l'ancienne abbatiale. Cette construction était autrefois une grange des
xiiie et
xve siècles. Le monastère en fit l'acquisition. Les moines la démontèrent et la réédifièrent à Saint-Wandrille en 1967-1969.
Cette nouvelle église a été consacrée le 12 septembre 1970.
D. Guglielmetti
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